L
'ennuie. Voilà un mot qui le décrivait bien aujourd'hui. Oui ! Ethan Jones pouvait ressentir l'ennuie. N'est-ce pas étonnant de la part d'un homme débordant d'énergie à tout va ! Normalement, il trouvait distraction dans la musique, mais pas aujourd'hui. Elle pansait bien des blessures, soignait son caractère qui tomberait sur les nerfs de plusieurs, comblait son non-amusement, cependant, là non. Rien. Nada. Nichego ! Quand sa passion ne lui permettait pas de se distraire alors Ethan se trouvait dans une mauvaise journée. Que faire pour remédier à cela ? Il y avait toujours une solution, mis à part la musique bien entendu, il y en a toujours une ! Oh durant sa folle jeunesse, il serait sans doute aller trouver sa bonne humeur dans un lit. Non pour y dormir, mais bien pour y faire des choses qui sont complètement à l'opposé du mot
chaste. Penser à sa vingtaine le fit sourire distraitement pendant son acharnement à corriger quelques copies. D'ailleurs, il n'avait pas tout perdu de sa fougue ni de son charme presque 30 ans plus tard.
Le professeur s'arrêta soudainement dans sa correction et appuya son front contre la surface en pagaille du long bureau. Les yeux fermés, il se concentrait que sur le doux silence qui planait dans la grande salle qu'était l'amphithéâtre. À bien y penser, c'était tout de même impressionnant. Une si grande salle et un silence de mort. Quelques instants avant, c'était le bruit du stylo grattant sur un feuille de papier qui emplissait la pièce. Il tentait de reprendre un peu ses esprits, même occupé il s'ennuyait... Oh malédiction ! Un long soupire fila entre ses lèvres légèrement entrouverte. Il ouvrit à demi les yeux, pour ne pas dire que ses paupières étaient lourdes, et releva la tête. Comme si de rien n'était, il serra la stylo rouge entre ses doigts et reprit sa correction là où il l'avait arrêtée.
Ethan déviait plusieurs fois de son occupation pour chercher des feuilles sur le bureau. Un vrai fouillis et ce à son image ! Complètement éparpillé, il en perdait certaines en l'espace de microsecondes. Imaginez ensuite son appartement ! Non. C'était différent. Il était davantage ordonné. Tout avait sa place bien précise surtout ses instruments de musique, ses partitions, son matériel comportant divers câble afin de faire de son ordinateur un contrôleur de son. Il tenait à l'ordre de son logis pour la seule et bonne raison qu'il y vivait et le considérait comme un genre du studio d'enregistrement clandestin -aucunement illégal-.
Trêve de recherche, il rebaissa le nez sur les copies d'étudiants. Bon sang ! Comment les étudiants faisaient pour avoir une écriture illisible pour ne pas dire merdique ? Vraiment, les garçons n'avaient peut-être pas la finesse d'une femme pour écrire, mais là... Déconcertant. Toutes les copies n'étaient pas ainsi, mais lorsqu'il tombait sur elles, il ne pouvait s'empêcher de lever les yeux au ciel et prendre un air exaspéré. Un grognement s'échappa de sa gorge et termina de corriger vite fait. Pour ceux qui se questionnerait sur la note de l'étudiant eh bien... Ethan n'était pas si cruel et il griffonna un 12/20. Il décidait, cependant, de temps en temps d'ajouter sa petite touche d'humour à une remarque sur l'écriture. Puisqu'il devait décoder les lettres illisibles, il allait donner la chance à son élève de faire de même avec sa note et les petits commentaires. Non, non... Ce n'était pas de la vengeance... Ou peut-être que si finalement... Un malin sourire s'afficha sur son visage, mais s'effaça rapidement dû à la surprise qu'un homme lui adresser la parole. Il se croyait seul et croyait surtout d'avoir verrouillé la porte ce qu'il avait, vraisemblablement, oublié de faire. Son regard s'était posé rapidement sur son interlocuteur. À son allure soigné, son petit accent, sa posture, Ethan était presque certain que ce dernier était enseignant.
« Bonjour ! » finit-il par répondre poliment et posément. Depuis quand était-il là ?
« Vous avez besoin de l'amphithéâtre ? D'après l'horaire, je croyais qu'elle était libre. » Il haussa les épaules. Ranger son bordel sur le bureau ne le dérangeait pas même que s'arrêter pour quelques heures lui ferait un bien fou. Par moment, rien que pour emmerder les étudiants -qui le méritait- il était prêt à y dissimuler une trappe à souris. Malheureusement pour lui, aucun de ses pièges n'étaient assez mince pour cet effet. Poil à gratter ? Stop Ethan ! Tu t'emportes là... Il jeta un vif coup d'œil à la surface bordélique du bureau en marmonnant un
« Désolé » à vois basse concernant le désordre. Soudain, il tendit sa main vers l'inconnu.
« Je ne crois pas que l'on s'est déjà rencontré. Ethan Jones, mais appelez-moi tout simplement Ethan monsieur..? »